Un coup d’œil à la gueule d’un shar-pei suffit pour comprendre : ce chien ne fait rien comme les autres. Sa langue bleue, rareté absolue dans le monde canin, intrigue autant qu’elle fascine. On la retrouve presque exclusivement chez le chow-chow et le shar-pei, jamais par accident, encore moins pour faire joli.Les généticiens ont creusé la question. Résultat : cette couleur atypique découle de mutations précises, transmises au fil des générations. Certains éleveurs y voient le signe d’une lignée authentique, parfois fantasmée. Pourtant, la fameuse langue bleue n’est pas systématique chez tous les shar-peis, et ses origines restent un chantier pour la science. Difficile, même aujourd’hui, de trancher sur ses conséquences réelles pour la santé animale.
Plan de l'article
Le shar-pei, un chien pas comme les autres
Ne vous fiez pas à l’apparence paisible de ses plis soyeux : le shar-pei porte dans sa chair l’empreinte d’un passé fait de luttes et de survie. Originaire du sud de la Chine, ce chien rustique a traversé les âges, parfois gardien, parfois combattant. En 1976, alors que la race était sur le point de disparaître à Hong Kong, la fédération cynologique internationale (FCI) entérine enfin son existence, lui ouvrant la voie d’une renaissance.
A découvrir également : Les spécificités singulières du jack russell parson
En Chine, ce solide compagnon s’est montré redoutable : il protégeait les foyers, intervenait à la chasse ou participait, à l’occasion, à des combats. Ce caractère réservé mais d’une loyauté farouche a forcé le respect d’éleveurs, bien au-delà de son pays natal. L’Europe s’est entichée du shar-pei, propulsant la race sur la scène des compagnons appréciés pour leur singularité et leur tempérament subtil. Discret sans être distant, attaché à ses proches, le shar-pei occupe une place à part dans la grande famille des chiens de compagnie.
Son célèbre cousin, le chow chow, partage ce signe distinctif : une langue bleue inédite chez le chien. Mais le shar-pei cultive sa différence : plis marqués, pelage court, silhouette robuste et ce regard étonnamment doux derrière l’allure sérieuse. Sélectionné pendant des siècles, il offre aujourd’hui une diversité marquée de tempéraments et de morphologies. Impossible de le confondre : chaque shar-pei porte une part d’Orient et une touche moderne.
A lire en complément : Photos de la gale du chat : reconnaître les signes avant-coureurs
Pourquoi certains shar-peis ont-ils la langue bleue ?
Le hasard n’a rien à voir ici. Si la langue du shar-pei affiche une nuance bleutée ou même lavande, c’est à cause d’une accumulation particulière de mélanine dans la muqueuse buccale. Rares sont les races canines à présenter ce phénomène, la majorité arborant simplement une langue rosée.
L’explication est ancienne : la proximité génétique entre shar-pei et chow chow, deux races chinoises au passé ancestral, permet la transmission de ce trait. Dans les faits, la langue du shar-pei varie : certains n’ont qu’un voile bleuté, d’autres seulement quelques taches, mais toutes ces variantes n’influencent ni leur santé ni leur comportement.
Longtemps, beaucoup ont cru que la couleur de la langue racontait la pureté d’une lignée ou la valeur d’un chien. La réalité est plus nuancée. Ce détail a pu, dans une autre époque, servir à distinguer certains sujets, mais aujourd’hui il se résume à une originalité, appréciée des amateurs mais sans impact sur le pedigree ou la reconnaissance lors des concours. Ce n’est ni un critère de qualité, ni une rareté qui vaut de l’or.
Entre plis et personnalité : les caractéristiques uniques du shar-pei
Avant tout, le shar-pei impose son style grâce à ses plis profonds, véritable signature de la race. Ces replis épais, qui serpentent sur le corps, ne sont pas décoratifs. À l’origine, ils protégeaient l’animal lors des affrontements ; un héritage physique dont il n’a rien perdu aujourd’hui.
Il se reconnaît aussi à son pelage court et rêche, un toucher particulier qui ne laisse pas indifférent. Les teintes de robe varient du fauve au crème en passant par le noir brillant. Museau massif, queue roulée sur le dos et silhouette trapue : pas de doute, le shar-pei ne ressemble à aucun autre au parc.
Côté tempérament, c’est un mélange unique de prudence et de fidélité. Peu expansif, ce chien observe plus qu’il ne s’exprime. Mais ceux qui gagnent sa confiance découvrent une tendresse inattendue, toute en retenue. Indépendant, il garde une solide attache à son clan, loin de l’image stéréotypée du compagnon démonstratif.
Santé, maladies fréquentes et conseils pour bien vivre avec un shar-pei
Adopter un shar-pei, c’est accepter de surveiller de près certains aspects de sa santé. Sa peau plissée, signature absolue de la race, réclame une attention régulière : ces replis offrent un terrain propice au développement des infections cutanées, pyodermites en tête. Un nettoyage minutieux et doux des plis s’impose pour éviter les épisodes désagréables.
Il existe un trouble plus discret à surveiller : la fièvre du shar-pei, pathologie d’origine génétique qui se traduit par de brusques montées de fièvre, un museau engourdi ou des articulations gonflées. Face à ces signes, prompt rendez-vous chez le vétérinaire. Le plus souvent, un suivi médical sur la durée et, si besoin, un traitement adapté permettront de contenir la maladie.
Conseils pour un quotidien serein
Quelques mesures facilitent grandement le bien-être du shar-pei au quotidien :
- Optez pour une alimentation qui limite les allergies, attentive à la sensibilité de sa peau.
- Prenez l’habitude de nettoyer et sécher les plis à chaque bain ou après un temps passé sous la pluie.
- Évitez les sorties lors des pics de chaleur : ce chien supporte mal la hausse du thermomètre, et le risque de coup de chaud est réel.
- Intercalez des visites vétérinaires régulières afin de contrôler l’état cutané, dépister d’éventuels problèmes héréditaires ou surveiller les oreilles, souvent fragiles.
Un shar-pei a besoin d’un foyer calme et stable. Il apprécie la propreté, un climat tempéré, et une ambiance sans stress excessif. Entouré de personnes qui comprennent son tempérament, il se révèle un compagnon apaisant, discret, mais jamais indifférent.
Face à un shar-pei et sa langue bleue, on prend la mesure d’une énigme à quatre pattes : ce chien interpelle autant qu’il attendrit, véhicule une histoire ancienne qui ne demande qu’à s’écrire, jour après jour, aux côtés de ceux capables de lire entre ses plis.